mardi 6 mai 2014

Zoo project, 2 photos pour une triste histoire

[Merci Richard, pour ce bel hommage à Bilal Berreni.]


Actuellement, sur le long mur des voûtes bordant la ligne de chemin de fer de la Petite Ceinture, rue de l'Ourcq, on peut voir une curieuse inscription: "R.I.P. Pigeon". J'avoue que si je comprenais le latin*, la référence à "pigeon" m'a laissé perplexe. Dans les jours qui suivirent, toujours passionné par ce qui a trait au street art, j'ai lu sur Internet le titre suivant : "Le corps du street artist français Zoo project reposait à la morgue de Détroit depuis huit mois"

Une photographie d'une fresque de Zoo project me renvoya à un style de fresque que j'avais déjà vu. Une citation de Bilal Berreni qui se cachait sous le nom de Zoo project éveilla mon intérêt. Cette citation est très belle : Zoo project est parti des pigeons. Ils sont là, tout le monde les rejette. Un peu comme moi qui peignais sur les murs. On me disait : "Va peindre ailleurs".



Bilal avait peint sous le pont de la Petite ceinture. J'ai découvert sa fresque par hasard une fin d'après-midi du mois de mars 2010. Peint sur de la meulière, la fresque était "énorme" et détonnait dans le petit monde du street art parisien. Pas de commentaire donnant un sens à la représentation, pas de titre, de cartouche, pas de revendication, mais un corps qui semble se vider par l'ouverture d'un tunnel. Cela me fit penser à une scène d'accouchement mais ce n'en était pas un. C'était sérieux, voire dramatique. Compliqué comme un cauchemar. Difficile à expliquer comme une psychanalyse. C'était beau et douloureux.

Quelques jours plus tard, les services de nettoyage de la Ville de Paris ont nettoyé le mur sali. Les ouvriers ont dû être bien embêtés, un graff aussi grand et la peinture blanche qui était rentrée dans les trous de la pierre marron salie par des décennies d'escarbilles des locomotives. Alors, ils ont pris une vilaine peinture marron, pas tout à fait le marron de la pierre, mais un marron plus clair qui couvre bien.
L'œuvre est dessous, invisible. Comme Bilal le pigeon, il est parti peindre ailleurs.
[Requiescat in Pace (qu’il repose en paix)]

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