Après Richard analyse la fresque de Da Cruz et Marko, voici toujours de Richard, un billet sur sa rencontre avec Da Cruz et Marko et une analyse de la finition de la fresque située sous le pont de la Petite Ceinture avenue Jean-Jaurès.
Marko et Da Cruz |
Mon hypothèse selon laquelle la fresque avait une signification ambiguë a été, en partie vérifiée. Le cartouche vérifie que l'idée que Da Cruz se fait de l'urbanisation du quartier a changé. Il dit qu'une histoire se termine et qu'une autre commence. Bien sûr il y a des éléments de rupture (de nouvelles populations arrivent dans le quartier et vont continuer à arriver) mais aussi des éléments qui marquent des continuités (importance des programmes sociaux par exemple). Cette évolution est jugée certes inéluctable mais aussi positive. La fresque est explicitement dédiée par les deux graffeurs à Zoo Project (voir mon billet RIP Pigeon). La dédicace impose une interprétation et une seule donnée par les deux artistes : l'image de l'oiseau de feu fait référence au phénix. Sans la dédicace à leur ami assassiné, la fresque ne réfère pas explicitement au mythe du phénix, l'oiseau qui renaît de ses cendres. Dans le mythe, seul deux éléments constitutifs ont été gardés : l'oiseau et le feu. Ainsi dans l'œuvre court deux discours : un discours de Da Cruz (et seulement de lui) sur l'évolution sociale du quartier (le lien avec le quartier est clairement affirmé avec le "19" qui, ici, ne signifie pas le 19e arrondissement de Paris, mais notre quartier) et un "tombeau" pour leur ami assassiné qui a travaillé avec eux dans le quartier.
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Da Cruz et Marko m'ont confié qu'ensemble ils avaient eu l'idée de l’œil qui jette des éclairs. Partis d'une idée générale, les deux artistes ont chacun de leur côté improvisé leur création. Nous sommes loin des dessins préparatoires des peintres de la Renaissance dans la peinture des fresques. Nous sommes, par contre, assez proches de la "performance" des peintres du XXe siècle.
Cet aspect me parait essentiel pour apprécier le street art pour ce qu'il est : une forme originale héritière de la peinture de chevalet mais fortement marquée par les formes les plus contemporaines de la peinture moderne.
Je pense que les fresques de Da Cruz et Marko sont des signes annonciateurs de la résurrection de la Petite Ceinture.
RépondreSupprimerIls pourraient demander à RFF, propriétaire du bâtiment muré rue de l'Ourcq, de transformer le lieu en site d'exposition et de dégager les voûtes pour en faire une suite de grottes décorées. Ces peintures pariétales constitueraient le Lascaux du 19e.
Jacques