dimanche 15 mars 2015

Mars Attacks!


Alors là, mes chers lecteurs, c'est du lourd, je dirais même du très lourd. Tellement lourd à porter que je ne peux le porter tout seul [Richard]. Peut-être qu'à plusieurs ça sera plus facile mais je ne suis pas sûr. Le mystère des pyramides d'Égypte, billevesées, les prédictions de Nostradamus, foutaises, le vol 370  de Malaysia Airlines, secret d'État. Mais, le secret du pont de la Petite Ceinture n'est pas une légende urbaine. Trêve de précautions oratoires, venons-en à notre récit.

    


Le mystère du pont de la Petite Ceinture 
Un beau matin (ce n'est pas qu'une expression toute faite, il faisait beau, cela a son importance), je me promenais sur le quai de la Marne avec ma Darling (ma chienne !) et sur une des piles du pont SNCF de la Petite Ceinture je vois une photographie sous-verre de #BACKTOTHESTREET, réflexe photo, clic-clac dans la boîte. Sachant que notre artiste en colle souvent plusieurs dans un même lieu et qu'il colle ses sous-verre toujours sur des murs en pierre, je me dis que peut-être il en a collé d'autres sur d'autres piles du pont. Je traverse et bingo, je trouve sur l'autre pile droite, côté avenue Jean-Jaurès un autre sous-verre. Clic-clac... Je complète la collection. Je retraverse pour reprendre le quai et là, entre piste cyclable et ce qui reste de trottoir (c'est-à-dire pas grand-chose, en tout état de cause, pas suffisamment pour marcher, d'ailleurs les piétons ne sont pas fous, personne n'irait marcher sur 20 centimètres, coincé entre pile du pont et piste cyclable sur laquelle passent des motos, des scooters et parfois des cyclistes), je vois fixé au mur un drôle d'objet entouré de 3 points bleus. Le support semble en inox (c'est un métal dur qui ne rouille pas). Il tient une surface plane avec des cercles concentriques ; le fond est composé de formes régulières de types alvéolaires. C'est un bel objet... Clic-clac. Je l'identifie comme un objet de street art : d'abord parce que c'est dans la rue, parce que c'est joliment fait (même si je n'ai pas immédiatement accès au sens), et que des street artists accrochent dans les rues des tas de choses (des masques, des cadres de vélos etc. alors, pourquoi pas?)

Le soir, reporter zélé, j'envoie à mon rédac-chef  la photo de l'objet. Il la classe dans les OVNIS de La Villette, c'est-à-dire la boîte dans laquelle nous classons les "objets" au sens large qui ne rentrent dans aucune catégorie connue.

L'affaire semblait réglée. Va pour les ovnis : tout le monde sait ce que c'est. Deux jours plus tard, Darling, me promène vers son parc et je retourne (mû par quel instinct !) vers mon Object Non Identifié. Je lève la tête et je vois un deuxième oni fixé à plus de 3 mètres sur la pile du côté intérieur du pont... clic-clic-clac. Je regarde vers le milieu du pont... un autre, à l'entrée du pont... un autre. De l'autre côté du pont, absolument symétrique, 3 onis. 3 onis fixés sur le haut à droite, 3 à gauche et 1 à environ 1,60 mètre en partant du bas. Soit 7 onis !

Je supputais ferme sur la signification du nombre 7. J'étais au bord de l'extase quand je décidais le lendemain d'y retourner avec le matos adéquat, carrément l'objectif de 800 millimètres. Je me disais que j'en avais peut-être oublié ; sous le pont noirci par la poussière, évidemment toujours en contre-jour quand on regarde en l'air, le jour comme la nuit, ce n’est pas facile de voir un objet en métal se détacher sur du calcaire très sombre. J'ai donc regardé la sortie du pont avec attention et là, surprise, j'ai vu 2 onis noir et rouge (le support est noir et ce qui ressemble à une lentille est rouge orangé). Ils étaient disposés de chaque côté du pont sur l'armature métallique, soit à plus de 3,5 mètres de hauteur. Je cherchais sur la pierre, ils étaient sur les poutrelles. Ce matin, j'ai regardé dans les poutrelles sous le pont, je n'ai pas vu d'autres onis.


Faisons les comptes
7 onis que je vais appeler "blancs" et 2 onis "rouges", soit 9 onis. Intrigué, on le serait à moins, je suis allé vérifier sous l'autre pont s'il y avait aussi des onis, rien. Même vérification rue de Flandre, rien.

Compte pour compte, je me demande s'il faut en rire. Je me pose des questions. Je suis sûr que vous, chers lecteurs, à la lecture ce billet, vous vous en poserez.
► Comment expliquer qu'un individu ait fabriqué et installé dans des conditions difficiles (6 percements à plus de 3 mètres de hauteur, 2 percements dans des poutrelles métalliques à plus de 4 mètres de hauteur des objets qui, manifestement, ne sont pas destinés à être vus ?
► Que signifient ces 9 onis disposés selon des coordonnées extrêmement précises et dont les surfaces sont inclinées de manière fixe ? Quels rôles jouent les onis blancs par rapport aux rouges ?
► Comment expliquer que la majorité des onis "visent" la sortie du pont ?
► Depuis combien de temps ces onis sont-ils installés ? (les écrous des supports sont rouillés)
► Constatant que nulle installation électrique ne relie les onis, quelle serait la logique, fût-elle "irrationnelle" de l'aménagement?
► Pour procéder à une installation d'une telle importance, il est nécessaire d'avoir une échelle, un véhicule, une perceuse, etc. Comment de tels travaux, de jour comme de nuit, n'ont-ils pas attiré l'attention des riverains ?

Deux petites choses quand même pour la route
Tous les faits narrés dans ce billet sont rigoureusement exacts ; les photographies ont été prises par votre serviteur et n'ont pas été retouchées. La chronologie est également exacte.
Mon point de vue est le suivant : il convient d'écarter la piste du street art. Jamais un artiste ne mettrait une œuvre dans un endroit où il aurait la certitude qu'elle ne serait pas vue. Or, tout a été fait pour faire oublier les onis. Les points bleus sont certainement des marques d'implantation de l'oni fixé à 1,60 mètre : ils pourraient résulter d'une mesure ou d'une visée (les onis ressemblent à des instruments de visée d'ailleurs). Les fixations en partie haute sont intelligentes : la preuve, sans l'oni en partie basse, je n'aurais jamais rien vu!
Reste la piste d'un illuminé. Je dis un, plutôt qu'une, parce qu'une perceuse qui parvient à traverser une poutrelle métallique, faut être costaud ! Je sais, il y des femmes costaudes !
Rentrer dans la tête illuminé ce n’est pas simple : pourquoi cette installation "aberrante" là, dans ce sens de circulation, pourquoi se donner tant de mal ? Vient-il (viennent-ils?) relever des trucs, des machins, observer les gens... enfin, je ne sais pas, moi. 

Désolé, je ne peux pas tous les jours vous parler des petits Mickey peints sur les murs. Il fallait que je vous raconte ma promenade au pays d'Absurdie. 

Moi, je n'y crois pas à ces bêtises. Bien sûr, bien sûr. Mais, protégé par mon caniche toy de 3 kilos, je longe le quai de la Marne. Vous comprenez, ce n’est pas pour moi, c'est pour lui. Moi, je n’ai pas peur.
► Ce texte date du mercredi 11 mars et il y a une suite...

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