dimanche 29 mars 2015

Le toueur de La Villette... petit mais costaud !

Le toueur tractant une péniche dans le bassin de La Villette
Je vous ai déjà parlé de ce petit remorqueur – prisonnier de sa chaîne – qui inlassablement ralliait le bassin de La Villette aux Grands Moulins de Pantin avec, à ses basques, des embarcations non motorisées. C'était au temps des péniches sans hélice, qui le long du canal de l'Ourcq étaient halées par des chevaux ; mais en arrivant à Paris, l'activité était tellement intense avec des péniches à quai sur deux ou trois rangs qu'il devenait impossible de tracter ces embarcations depuis la rive.
La grosse invention, c'est le touage par Eugène Godeaux !
Une chaîne est mouillée, fixée aux deux extrémités et tout au long de celle-ci, le cabestan du toueur – lui aussi sans hélice – enroule interminablement cette chaîne pour progresser grâce à un moteur à vapeur.

On sait en quoi consistent la force et la manœuvre des toueurs. Une chaîne noyée est fixée aux points extrêmes de la rivière, le bateau toueur fait passer cette chaîne sur deux treuils placés au milieu de son pont ; une machine à vapeur met les treuils en mouvement, et le bateau se hale lui-même, sans hélice et sans aubes, en déroulant vers lui la chaîne sur laquelle il prend un point d’appui qui quadruple sa force de traction. On peut affirmer qu’un toueur armé d’une machine de 50 chevaux égale la puissance d’un remorqueur ordinaire de 200 chevaux. Les premières dépenses d’installation sont assez considérables, car en dehors de la construction du bateau et de sa machine la chaîne seule coûte 6,500 fr. par kilomètre. Le touage aujourd'hui est en pleine activité sur la Seine de Paris, et le temps n’est pas éloigné où ce système de halage, préférable à n’importe quel autre, sera appliqué à toutes nos voies navigables, fleuves, rivières et canaux. Un seul toueur peut remorquer à la fois dix et quinze bateaux chargés ; il pourrait facilement en traîner vingt, mais il est arrêté par l’ordonnance de police du 24 mai 1860, qui limite à 600 mètres la longueur des trains de remorque, ce qui déjà est considérable.
La Seine à Paris, les industries fluviales et la police du fleuveMaxime Du Camp - Revue des Deux Mondes (1867)

Étude de Paris - ©André Sauvage (1928)
Étude de Paris - ©André Sauvage (1928)

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