Nadège Dauvergne, après un échange de mail, s'était engagée à me [Richard] signaler ses futurs collages dans notre quartier [voir Nadège Dauvergne bientôt sur les bords du canal !]. Et que croyez-vous qu'elle fit ? Elle a fait ce qu'elle a dit la semaine dernière et deux jours plus tard, je suis allé photographier ses œuvres.
La chose en elle-même est exceptionnelle ; non pas qu'un artiste ait un dialogue avec "les amateurs d'art", mais qu'une personne fasse ce qu'elle a dit. Je n'ose même pas penser au facile parallèle avec le monde de la politique : imagine-t-on un homme politique qui mettrait en œuvre son programme ? Qui tiendrait ses promesses ? Certains diront qu'heureusement les politiques ne tiennent pas leurs engagements et les plus cyniques que les promesses électorales n'engagent que ceux qui les écoutent.
La chose en elle-même est exceptionnelle ; non pas qu'un artiste ait un dialogue avec "les amateurs d'art", mais qu'une personne fasse ce qu'elle a dit. Je n'ose même pas penser au facile parallèle avec le monde de la politique : imagine-t-on un homme politique qui mettrait en œuvre son programme ? Qui tiendrait ses promesses ? Certains diront qu'heureusement les politiques ne tiennent pas leurs engagements et les plus cyniques que les promesses électorales n'engagent que ceux qui les écoutent.
Rendons donc grâce à Nadège Dauvergne et essayons de proposer une analyse qui ne soit pas une trahison.
Les affiches sont collées passage Roche à Pantin, dans un îlot voué à la destruction (ou à la réhabilitation selon les sensibilités). Elles sont distantes de quelques dizaines de mètres. L'une est collée à droite d'une porte close, en contrebas ; l'autre est collée derrière un appui de fenêtre d'un immeuble vétuste mais occupé. Le lieu comme l'indique le nom de la voirie est un passage, une voie discrète peu fréquentée par les chalands. Aux couches de peinture sur les murs du passage, on peut faire l'hypothèse que c'est un spot connu des street artists (et des services de voirie de Pantin). Les deux affiches sont les seules œuvres du passage.
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Nadège Dauvergne, dans le tableau de Romney, n'a gardé que le personnage. Le sablier a disparu. La longue chevelure a été gardée. La position me semble avoir été au centre des choix de l'artiste. Son intérêt n'est ni la fidélité à Romney, peintre mineur sans grand intérêt dans l'histoire des arts, ni l'allusion à l'affliction de Marie-Madeleine. Un grand soin a été apporté à l'œuvre : la ressemblance au tableau original est remarquable, ce que j'avais pris lors de mon premier billet sur Nadège Dauvergne, pour les points de couleurs de l'imprimerie en quadrichromie, sont de fines gouttes de bombes aérosols, les reliefs sont soulignés par un travail à la brosse précis et donnant du relief à l'œuvre.
Je crois avoir compris pourquoi la technique de Nadège Dauvergne m'intéressait à ce point : la peinture à la bombe aérosol gomme la patte de l'artiste. La peinture à l'acrylique signe l'humain et l'œuvre unique. On reconnaît à la touche Van Gogh, Matisse, Seurat... C'est aux traces du pinceau que je reconnais Nadège Dauvergne.
Cette parenthèse étant refermée, revenons à notre collage. Nous attendions une relation entre la posture et le lieu : force est de constater (mais peut-être des éléments ont-ils été supprimés le jour où ont été prises les photographies) qu'il n'y en a pas.
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Les deux affiches si semblables du point de vue de l'exécution ont des rapports à l'espace très différents. Dans le premier cas, la position du personnage n'est pas en relation avec son environnement. Dans le second cas, nous ne sommes pas dans le trompe-l’œil mais dans une mise en scène du personnage.
Demeure une interrogation, voire un mystère : la dame à la fenêtre a-elle été peinte en fonction de cette fenêtre aveugle ou le collage a-t-il été réalisé avant le repérage de la fenêtre?
Ma découverte des dames de Nadège Dauvergne sur les bords du canal m'avait questionné. J'ai des éléments de réponse à mes questions. Nadège Dauvergne est une artiste qui puise dans le fonds des œuvres peintes et en prélève ce qui l'intéresse. L'écart entre la beauté de ses dames et leur décor, ce contraste voulu est, en soi, une réflexion sur l'Art. La Dame à la fenêtre semble amorcer une évolution dans le travail de cette artiste dont le travail continue d'étonner.
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