samedi 4 avril 2015

L'Inca de dAcRuZ, quai de la Marne

Nous avions rendu compte dans nos colonnes de la guerre qui a opposé notre street artist local, dAcRuZ, à une crew venue d'ailleurs, destructrice et vandale, menée par le sinistre Nite. La reconquête du territoire perdu s'était faite dans la douleur : on se souvient de ce pauvre ara, tué avant de sortir de l’œuf et de la fresque de l'Inca, quai de la Marne, avatar de dAcRuZ, vite fait avions-nous dit, fait pour affirmer la "propriété " du territoire.

dAcRuZ a-il eu conscience de... disons "l'incomplétude" de son Inca ou a-t-il lu notre billet (ou les deux, qui ne s'excluent pas), dAcRuZ, disais-je, après avoir paré à l’essentiel a repris son Inca et l'a indubitablement amélioré sur le plan esthétique.



Les modifications ont porté sur des enrichissements des formes et des couleurs. Les surfaces qui avaient été découpées en parties relativement grandes ont été fractionnées. Des couleurs peintes à la bombe aérosol ont rehaussé la palette qui est devenue très large. Le nombre des couleurs utilisées est devenu important. Il apporte de la variété et de forts contrastes sont apparus sans un réel souci d'harmonie des couleurs. L'artiste était, il est vrai dans une situation de "rattrapage" de l'œuvre. Son but n'était pas de trouver des harmonies colorées savantes ou des contrastes entre couleurs chaudes et froides. La première couche a imposé de telles contraintes de formes et de couleurs que le projet devait se contenter de faire "péter" les couleurs, au détriment parfois de l'harmonie.


Enrichir par la couleur, enrichir par le graphisme aussi. dAcRuZ reprend des graphismes qu'il utilise depuis de nombreuses années, des étoiles par exemple. Il en rajoute là où des espaces étaient vides et dans ces espaces qu'il juge importants du point de vue de la signification : l'identification du territoire et le visage de l'Inca.

C'est finalement cette affirmation de la couleur qui est reprise par le pochoir : Ourcq Living Colors. Cette "légende" qui donne la clé de lecture de la fresque convient à merveille à dAcRuZ et à son travail. D'ailleurs, il a fait de son Inca le profil de sa page FB, page dans laquelle il définit son projet de façon simple : mettre des couleurs dans les rues de la ville. Cela fait écho à sa reprise de son ara de la rue de l'Ourcq.

dAcRuZ réaffirme également son identité de manière encore plus forte : sa signature n'a pas changé mais elle est doublée par un tag bombé sur une barrière du chantier de Canal Square. La force du graphisme du tag, sa grandeur, la façon dont il est souligné, marquent sa détermination dans l'affirmation de sa "possession".

En conclusion, une fresque qui inscrite dans une chronologie fait sens quant aux enjeux de territoires entre des crews concurrentes, deux "couches" révélatrices de la capacité de dAcRuZ à tirer le meilleur parti de fortes contraintes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...