Vendredi 10 décembre, Paris. Il fait sombre. Il fait froid. Les bords du canal de l'Ourcq ressemblent aux côtes de la mer du Nord, désertiques et tristes. Les services de nettoiement de Paris et de Pantin ont fait leur travail : les murs sont blancs, seuls quelques graffs malhabiles témoignent de la volonté de petits gars de la banlieue de jouer dans la cour des grands. Quelques tags dans les endroits difficiles d'accès ; les employés municipaux ne prennent pas de risque. Les street artists ont déserté les rives du canal, comme le soleil d'automne, si beau et si fragile.
Derrière le Cabaret Sauvage, dans le parking "backstage", une caravane ruinée. Sa porte est grande ouverte, sa fenêtre aussi. Elle ne prendra plus la route. Les autres caravanes, celles des gens du Cabaret Sauvage, sont de l'autre côté, rassemblées à droite de l'entrée du public. Elle est seule dans un décor qui fout le bourdon. Cette caravane posée là comme une baleine échouée est abandonnée à la fureur de la pluie et du vent. Elle est magnifiquement décorée par C215.
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Les femmes le plus souvent mendient. Elles ont la tête couverte, souvent d'un foulard, parfois d'une toque en fourrure. Les pochoirs sont mis en valeur par un fond bien particulier : à l'ordre des lignes du dessin s'opposent des traits puissants peints à la brosse. Le graphisme des courbes du décor confèrent une dynamique que les personnages n'ont pas. Presque tous regardent celui qui regarde, sauf la petite fille qui cherche le regard de sa grande sœur. La palette très réduite correspond à un nombre réduit de bombes aérosols et de pochoirs (rappelons pour mémoire qu'il faut un pochoir par couleur). La segmentation des zones est un impératif technique des grands pochoirs pour éviter qu'ils ne se déchirent. Néanmoins, cette fragmentation des surfaces donne aux pochoirs de C215 leur originalité. De plus, la précision des découpes et l'abondance des détails participent de la spécificité des œuvres. De la même manière, le décor très tourmenté, ponctué par des projections de peinture en rupture avec le dessin des pochoirs, distingue l'artiste des autres pochoiristes (je pense en particulier à Nemo dont nous avons dans ce blog reproduit des pochoirs).
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