jeudi 18 décembre 2014

Attentat à la bombe !

Actuellement dans notre quartier une guerre qui ne dit pas son nom : la guerre des crew(s). Richard raconte.

Chers amis lecteurs, je ne peux vous cacher que les choses vont mal dans notre quartier. Une actualité chasse l'autre. Je crois que je serai bientôt contraint de publier des communiqués de guerre tous les jours. La guerre est déclarée entre les crew(s).

    


Rappelons les faits
dAcRuZ peint quai de la Marne une belle fresque biface sensée participer au rapprochement des frères ennemis, Israéliens et Palestiniens. Je dis sensé car c'est le sens que dAcRuZ donne à son masque "One nation, one country".
J'ai de sérieuses interrogations sur la lecture qui en a été faite par les badauds. Je crains que la signification de l'œuvre ait échappé. Cette digression est superfétatoire car ce n'est pas l'origine du conflit qui déchire les murs du quai de la Marne et de la rue de l'Ourcq.
Revenons à notre fresque réalisée avec grand soin par notre street artist local. Après plusieurs mois passés sans subir d'affronts, elle a été la semaine dernière partiellement recouverte par un graff ressemblant davantage à un tag, signé NITE. C'était la face palestinienne ; l'autre était sauve. Quelques jours plus tard, la face israélienne était à son tour recouverte de tags. Jusque-là, rien de très grave, une escarmouche. C'est le sort des œuvres de street art d'être éphémères. Elles recouvrent d'autres œuvres et sont recouvertes par d'autres. C'est de cette manière que naissent des lieux dynamiques sans cesse renouvelés, les fameux "spots". Et puis, les deux faces réunies éclaboussant de couleurs vives le quai, mais effacées par NITE, peint en noir – la nuit en anglais phonétique –, cela ne manquait pas de m'émouvoir. Après l'utopie brillante de la paix, la nuit de l'ignorance. NITE et ses potes, son crew, sont allés plus loin dans l'offense.

    


Ils ont refait le même coup rue de l'Ourcq sur une très belle fresque produite dans le cadre de Ourcq Living Colors. Va pour le masque du quai de la Marne, mais rue de l'Ourcq, recouvrir des œuvres quasi institutionnelles, c'est un casus belli.
dAcRuZ a sorti la grosse artillerie, carrément sa bombe rouge, celle qui est très en colère.

Il a rayé les noms des usurpateurs, la crew concurrente qui a tout salopé, a écrit en très gros OURCQ parce qu'ici c'est le quartier de dAcRuZ et sa bande, la crew de l'Ourcq (non là c'est trop, ça déborde du sujet). En plus, pour que cela soit bien clair, il a ajouté, au bout d'une flèche évocatrice et vengeresse son nom. Les gars de NITE, ils vont être verts de peur : ils ont osé marcher sur le territoire ennemi.

Bon, je sais, dAcRuZ, le régional de l'étape, n'habite plus le coin depuis des lustres, Marko93, son nom l'indique, patrouille le 93 (plus précisément Saint-Denis), les artistes invités de Ourcq Living Colors sont ailleurs (au Portugal, etc.). Bref, aucun n'habite le quartier. Ce petit bout de XIXe, la rue de l'Ourcq (et encore, pas toute la rue !), le quai de la Marne, la rue Germaine-Tailleferre, c'est leur territoire, les murs à peindre sont réservés.
Curieuse époque, on s'insurge contre la gentrification, variante urbanistique du libéralisme triomphant, on est contre la guerre, pour la paix, pour l'abolition des frontières, pour la liberté... et on délimite son pré carré.
Ce n’est pas que la contre-attaque de dAcRuZ me gêne, j'aime bien dAcRuZ, j'aime (presque toutes) les œuvres d'Ourcq Living Colors, je n’aime pas les tags. Alors M. NITE et consorts passez votre chemin, gardarem lo quartier.

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