Le Centre
social et culturel de la rue Petit. Entre la rue de Crimée et l'avenue de Laumière, la rue Petit
est bordée de logements HLM. Les architectes ont eu la bonne idée de varier les
façades, les urbanistes et la municipalité, d'installer des équipements
culturels (une bibliothèque) et sociaux (une crèche). Au rez-de-chaussée d'une des HLM de la rue, on découvre un centre social et
culturel ayant de curieux stores et qui méritent qu'on y regarde de plus près.
Deux paires d'yeux regardent la rue. Une paire d'yeux plutôt vers le haut. L'autre vers les passants. En se rapprochant, on comprend le procédé : des photocopies noir et blanc de portraits composent le sujet. Ce procédé a été souvent employé, visages composés d'autres visages, cartes du monde de photographies d'enfants etc. Des publicitaires ont usé et abusé du procédé, des ONG aussi.
Quel est l'intérêt d'une telle "œuvre"?
La réalisation d'une mosaïque formée de centaines de
photocopies a dû mobiliser les personnes qui fréquentent le centre. Mobiliser
pour en faire le portrait photographique mais aussi, certainement, pour coller
les pièces du puzzle sur les 4 stores. En soi, donner un objectif commun a des
personnes ayant des cultures différentes, partager la responsabilité commune de
faire une œuvre qui sera valorisée est une excellente chose. Nous sommes là
dans l'intervention sociale. Les impératifs artistiques ne sont pas
prioritaires.
Toute intervention sur les murs de la ville est classée dans
la catégorie du "street art". Dans de prochains billets, je tâcherai
de mieux définir le vocabulaire des street artists (trois mots : les tags, les
graffs et les fresques). S'il est bien difficile de dire que ce collage est une
œuvre d'art, il n'est pas nécessaire somme toute de tout vouloir classer. En
fait, le fait de savoir si c'est de l'art renvoie à un débat bien plus large et
complexe sur la définition de l'art. Nous pouvons nous l'épargner.
Ce qui est, pour moi, intéressant c'est le sens de l'intervention. Les animateurs du centre social et culturel ont-ils voulu valoriser, en montrant des visages, les habitants du quartier ? D'autres objectifs étaient-ils précisément visés. Les habitants nous regardent. Et si c'était le contraire, "Passants, regardez nous, nous sommes, dans notre extrême diversité (des enfants, des adultes, des vieux, des Africains, des Asiatiques, des Arabes...), comme vous, les habitants de ce quartier. Nous faisons partie de la nation pour certains, de la population de ce pays pour tous, vous ne pouvez pas l'ignorer, la France est métisse".
L'art des rues porte aussi un message politique. Et si dans
cet exemple l'art est un objectif... lointain. Reste le message, banal mais
utile à rappeler en ces temps mauvais.
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