mardi 17 juin 2014

Et Mesnager créa l'homme... blanc !

Dans la série Street art à La Villette, un nouveau post de Richard, sur Jérôme Mesnager.


Voilà quinze jours, me livrant à ma coupable industrie préférée, me promener dans Paris au hasard des rues avec mon appareil photo, j'ai emprunté la rue Bouret  et j'ai découvert de très grandes fresques réalisées par un artiste que le quartier connait bien : Jérôme Mesnager. Son homme en blanc est encore sur le pont de la Petite Ceinture qui relie les deux quais du canal de l'Ourcq. Il est aussi passage des voûtes. Quel Parisien ne l'a pas aperçu au détour d'un mur lépreux, d'une palissade de chantier, dans des endroits improbables avec des positions adaptées aux contraintes de l'environnement et des supports. Cet homme en blanc a une date de naissance précise : il est né le 16 janvier 1983. C'est pour J. Mesnager "un symbole de lumière, de force et de paix". L'intervention de l'artiste était d'une grande poésie : l'homme blanc était l'empreinte d'un fantôme qui s'était posé là. Il s'est posé à Paris, dans toutes les grandes villes du monde et même sur la muraille de Chine! Le fantôme voyageait et les curieux le suivaient à la trace. À la fois un jeu de piste et un récit de voyage.


Sur les murs extérieurs de l'école et du collège Saint-Georges, l'homme blanc n'est plus une empreinte mais un personnage. Il illustre la représentation sulpicienne de Saint-Georges terrassant le dragon, forme incarnée du Mal, évoque la très fameuse scène de la création peinte par Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine, se mêle aux jeux traditionnels de l'École, la marelle (qui mène l'enfant de la terre au ciel), la ronde, les hommes blancs deviennent anges et dessinent une étoile. L'homme blanc est homme, femme, enfant : il tient tous les rôles. Curieuse fresque où se mêlent des représentations-clichés de la Bible et des scènes joyeuses de l'École du siècle dernier. Ces représentations bibliques et ces jeux renvoient bien davantage à la fin du XIXe siècle, au début du XXe siècle, qu'au street art du XXIe.


Ma première idée pour expliquer qu'une des figures majeures  du street art français, artiste internationalement connu et réputé, renonce à la trace de son fantôme et crée une fresque dont les référents sont d'un grand classicisme, était qu'il s'agissait d'une œuvre de commande dont les sujets avaient été imposés par l'institution religieuse. En consultant le site Internet de l'école et du collège, j'ai dû revoir mon opinion. On apprend que Jérôme Mesnager est un parent de l'école et que, le lundi 16 septembre 2013, il a décoré la cour de l'école à partir d'un thème choisi, la mythologie et les contes.


Belle histoire de ce fantôme insaisissable dont on ne voyait que la trace de son furtif passage à la fresque religieuse réutilisant le fantôme devenu personnage pour décorer une institution catholique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...