jeudi 28 mai 2015

HOMO URBANUS par Julieth Mars Toussaint

Du 18 mai au 18 juin Julieth Mars Toussaint expose 31 œuvres-affiches dans les rues du XIXe que vous pouvez retrouver sur ce plan. L'exposition est présentée de la façon suivante : "En exposant dans la rue, l'artiste Julieth Mars Toussaint interpelle le passant et l'amène à réfléchir sur sa condition d'Homme urbain contemporain – Homo Urbanus. Ses portraits, scènes de rue et classiques revisités témoignent des effets de l'urbain sur chacun en se trouvant préservés, taggés ou même arrachés. Des œuvres-miroirs, comme il les appelle, qui reflètent les citadins dans tous leurs états et dans lesquels il invite à se contempler".

Nous apprenons sur le site dédié à l'exposition que l'artiste peint et expose depuis les années 90. Auparavant, dans une autre vie, il a travaillé comme dessinateur de mode pour la haute-couture. Il a participé ensuite à des collectifs squArts, Pôle Pi à Paris et Tacheless à Berlin. Ajoutons car cela est une clé pour comprendre ses portraits, qu'il est originaire de la Martinique.

       



Je [Richard] vous présente, chers lecteurs, 4 des 31 portraits que l'artiste a collés sur nos murs. Les portraits en pied collés l'un sous le pont de la Petite Ceinture, quai de la Marne et l'autre sur le mur du gymnase de l'avenue Jean-Jaurès ont des points communs : les affiches sont imprimées et certains éléments du corps sont repris à l'acrylique et les contours à la craie grasse ou au pastel.

             


L'œuvre peinte est complétée par des adjectifs écrits sur l'affiche ou sur un cartouche collé sur l'œuvre. Ces adjectifs (pour les puristes, les participes passés employés comme adjectifs) donnent la signification de l'œuvre. L'œuvre est la "réplique" d'un tableau présenté comme dans les galeries (le nom de l'œuvre, la date de création, le nom de l'artiste, les coordonnées de l'exposition et la référence de la page FB). Ces deux portraits suivent les règles non écrites de l'"exposition" traditionnelle. Le portrait collé sous le pont SNCF qui n'a pas (encore) été vandalisé permet de comprendre la "scénographie" de la présentation : un "tableau" présenté à bonne hauteur et, à droite, un cartouche très formel apportant des informations sur l'œuvre et l'artiste. Les techniques mixtes utilisées par l'artiste séduisent par la débauche des couleurs, appliquées à la brosse avec une matière parfois lourde, épaisse et parfois, diluée autorisant des coulures et des superpositions esthétiquement très réussies. Le tableau synthétise les techniques de la peinture à l'huile (épaisseur de la couleur, volume etc.) et les transparences de l'aquarelle.

   



Les deux portraits représentant des visages sont des impressions et les couleurs n'ont pas été rehaussées par des apports d'acrylique. Ils s'apparentent par le traitement et par le style aux portraits en pied. À n'en pas douter, Julieth Mars Toussaint a du talent et nous donne à voir des portraits qui actualisent en le modernisant un genre de peinture ancestral ; pensons aux commandes des riches marchands vénitiens, aux chefs-d'œuvre de l'école hollandaise, voire à La Joconde ou aux portraits en pied des rois de France... gageons qu'à toutes les époques nous trouverons des exemples de portraits. Les exceptions sont rares – les artistes qui ont peint les peintures rupestres auraient pu faire dessiner un visage, ils ne l'ont jamais fait, dans aucun pays.

   



Il est bien dommage que le cartouche ne présente pas le projet de l'exposition. Bien difficile de deviner quand on "tombe" par hasard sur un de ces portraits qu'il s'inscrit dans un projet plus global. Comment comprendre l'objectif du projet simplement aidé par deux mots, en latin qui plus est : "Homo Urbanus".

                       


Ce projet m'évoque les belles expositions de photographies accrochées aux grilles du jardin du Luxembourg. C'est une bonne idée que de faire descendre l'art dans la rue. C'eût été une idée excellente d'éditer les œuvres sur des supports plastifiés et expliquer le projet de l'artiste. Les lieux choisis, la nature du support, l'opacité du projet global expliquent, en partie, l'absence de respect des œuvres qui dureront, je le crains, le temps d'une averse.

Foin des peurs et des regrets, les tableaux de Julieth Mars Toussaint sont de belles rencontres, fortes et émouvantes. Un artiste assurément à suivre.

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