mercredi 1 octobre 2014

Richard, séquence émotions !


Passage des voûtes. Sous les voûtes de la Petite Ceinture, des "artistes" occupent les lieux. Ils ont pompeusement appelé les locaux sordides qu'ils occupent : Galerie de la vache bleue. Pour les mal-comprenants, ils ont peint sur les murs une vache, bleue.
Les gens du quartier qui connaissent le passage n'y passent pas. Ou alors, dans la journée et pas seuls. La nuit, les passants font un détour, craignant de mauvaises rencontres. Situé derrière l'hôtel Ibis et des logements sociaux, le passage est une sortie de garage. Des poubelles y sont déposées. Des images resurgissent de nos mémoires, un genre de back-stage, l'envers de la société de consommation. Dans ce dépotoir vaguement arty, sur un mur, une toile de plus de deux mètres de hauteur et de deux mètres de largeur a été tendue sur un cadre de bois et un artiste a peint, à l'huile, un tableau d'une grande beauté. Les couleurs éclatent, l'harmonie est chaude, des formes apparaissent. Un tableau qui n'appartient à personne. Personne ne se l'accapare. Un don, une parcelle de beauté dans un océan d'immondices.



Rue Henri-Noguères. Cette rue piétonne dessert une école. Le mur qui lui fait face est un spot des apprentis graffeurs de Jaurès. Les propriétaires du mur laissent faire. De toute manière, cela ne servirait à rien. Sitôt repeints, les murs seraient de nouveau l'espace de liberté des taggeurs du quartier. Le long mur couvert de graphes, de fresques, est du point de vue de l'art, disons pour être aimable, une longues successions d'essais malheureux. Septembre à Paris, je me promène sur le quai de la Loire, je fais un détour par la ruelle et là, au milieu des graffs et des tags de la plus méchante facture, une odalisque, peinte, référence et copie du tableau d'Ingres. La beauté aujourd'hui avait le corps d'une femme.



Boulevard de Belleville, sur le terre-plein, un édicule de la Propreté de Paris du siècle dernier. Un dessin à l'encre de Chine. J'ai beau regarder de plus près, ce n'est pas une photocopie collée sur le mur de briques. L'affiche est une œuvre unique, elle n'est pas signée. Pas un mot ne vient donner un sens à l'œuvre, réduire comme disent les pédants, sa polysémie. Nous sommes à Belleville, deux semaines après la fin de l'opération Bordure protectrice. No comment.

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