© Rouquet - La Villette
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Grâce au Figaro, nous savons que l’exécrable bal Colbus a cessé ses activités vers 1850 et qu'en 1877 il est remplacé par le respectable bal Chaynes, du nom de son propriétaire.
Mais dans Le Figaro du 24 octobre 1877, un article contre le bal Colbus, à charge et limite raciste de classe, dénonce : "une société plus que mêlée", "des repris de justice, des garçons bouchers et des gens exerçant une profession…inavouable, "ces quartiers éloignés", etc.
Mais dans Le Figaro du 24 octobre 1877, un article contre le bal Colbus, à charge et limite raciste de classe, dénonce : "une société plus que mêlée", "des repris de justice, des garçons bouchers et des gens exerçant une profession…inavouable, "ces quartiers éloignés", etc.
"Nouvelles diverses
On sait de quelle mauvaise réputation jouissent certains bals des anciens boulevards extérieurs ; nos lecteurs en connaissent déjà quelques-uns d'après la description que nous en avons faite. Il en est un cependant complètement inconnu de nos lecteurs, ou du moins de la plus grande partie. C'est le bal Kolbus [sic], situé rue d'Allemagne, près du boulevard de la Villette.
La société qui fréquente cet établissement est plus que mêlée ; les habitués sont en grande partie des repris de justice, des garçons bouchers et des gens exerçant une profession… inavouable. Quant à la gente féminine, c'est tout ce qu'il y a de plus bas dans l'échelle sociale.
La tenue, on le conçoit, est un peu négligée. Dans la semaine on ne voit là que des individus vêtus de blouses plus ou moins dépenaillées ; celui qui oserait s'y risquer avec un paletot — ce paletot montrât-il la corde — serait sûr d'être traité avec les égards que les nobles voyous ont l'habitude de témoigner aux "aristos" qui se fourvoyent en leur compagnie. Le pauvre diable doit s'estimer fort heureux s'il ne reçoit que des horions, car le public habituel joue facilement du couteau.
Le dimanche surtout il y a des rixes fréquentes ; quand elles menacent de tourner au drame, le patron, homme d'une force herculéenne, met les combattants dehors, en disant :
- Allez vous saigner ailleurs ; pas de ça dans mon établissement !
On comprend qu'avec un pareil public les commissaires de police de ces quartiers éloignés aient fort à faire : il n'y a pas de dimanche où on ne leur amène un ou plusieurs individus accusés de tentatives de meurtre.
Disons en terminant que le dimanche seulement les paletots (les habitués prononcent panetot) ont droit de cité chez Kolbus. Ces hommes "bien mis" reçoivent le sobriquet de sénateurs.
C'est flatteur pour nos pères-conscrits !
Jean de Paris"
Petit problème et rétropédalage d’enfer, dans le numéro du vendredi 16 novembre 1877, pour éviter un procès avec le nouveau propriétaire, car le bal n’existe plus depuis 25 ans !
"Le Bal Chaynes - 12, rue d'Allemagne
Le 24 octobre dernier, nous avons publié un article sur l'ancien bal Colbus. M. Chaynes, propriétaire actuel de cette salle, a cru voir dans notre article une atteinte portée à sa considération. Informations prises, nous avons spontanément reconnu que l'article publié était complètement erroné, et que cette erreur était d'autant plus regrettable que le bal Colbus n'existe plus depuis vingt-cinq ans.
Nous savons maintenant que le propriétaire actuel, M. Chaynes, ancien sous-officier de l'armée, membre du jury aux assises, jouit d'une légitime réputation, et que son établissement est le lieu préféré pour les grandes réunions du 19e arrondissement : concerts, fêtes des deux sociétés chorales et fanfare, bals de bienfaisance et fêtes annuelles de la bibliothèque populaire du 19e arrondissement, présidé par M. Mallet, conseiller municipal.
Dans ces circonstances, et sur les conseils de son avocat, Me Delattre, M. Chaynes s'est désisté de la plainte qu'il avait formée."
Dans ces circonstances, et sur les conseils de son avocat, Me Delattre, M. Chaynes s'est désisté de la plainte qu'il avait formée."
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