Le gouapeur - © Rouquet - La Villette
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Après Le bal Colbus vu par Le Figaro, ici c'est une description extraite du chapitre La Villette n’était qu’un village du
livre Coins et Recoins de Paris de
Marius Boisson.
Le bal Colbus
L’établissement fait l’angle de
gauche de la rue Bouret [avec
la rue d’Allemagne]. Ce bal, réputé
de longue date et de fort loin, est la maison
Crosnier, autrefois bal Colbus,
dit encore le Bal des Grues.
La population de ce casino populaire
se compose entièrement de jeunesse. Les hommes ont de 18 à 22 ans, les femmes
de 13 à 18. Les parents brillent par leur absence.
Définissons la toilette des habitués
; à peu d’exceptions près, elle est uniforme. Le sexe mâle a généralement un
paletot, mais le plus généralement une blouse bleue, laissant apercevoir un
pantalon plutôt gris que noir ; un foulard rouge ou jaune sert de cravate. Une
casquette abrite le front. De temps à autre un mouvement oblique vous permet de
surprendre un œil qui vous darde comme une pointe de stylet.
Les jeunes filles sont tête nue, en
taille par toutes les saisons ; des bottes ou bottines montrent toujours un bas
blanc bien tiré. Elles ont le feu sacré de la jeunesse ; mais dès qu’elles
parlent on entend résonner une voix rauque ou enrouée. Leur sourire est
gracieux, leurs sourires sont obscènes. En somme, elles sont mieux que les
hommes. Quant au dehors, on voit que la coquetterie leur est naturelle ; elles
risqueront aisément un rhume pour que trois choses restent en vue : leur chevelure,
leur taille et leur jambe. Dans ce tumultueux endroit, tous les hommes sont
armés de couteaux et de casse-tête.
L’immeuble du bal Colbus est
toujours debout [en 1929] ; il fut café-concert puis Cinéma de la Renaissance.
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