Richard vient de m'envoyer I still love my ghetto, photo prise sur le mur qui clôt la maison de l'éclusier et qui est à mettre en parallèle avec I love my ghetto, autre photo de Richard qui a déjà été publiée. J'ose penser que malgré les transformations du quartier Da Cruz semble être pragmatique et n'éprouve pas de rancœur à l'égard de Canal Square qui occupe l'ancien terrain de la CPCU.
Richard le 16 mars 2014 |
Je laisse la parole à Richard :
Le rapprochement de ces deux images et de leurs messages est pour moi émouvant. Je cherche d'ailleurs à comprendre pourquoi ça m'émeut. "I love my ghetto" a été peint à un moment de notre histoire où les "cités" étaient dans l'actualité. Des voitures étaient incendiées, des pompiers caillassés, les policiers agressés, deux jeunes, très jeunes mouraient à Villiers-le-Bel. La France après les émeutes urbaines de Vaux-en-Velin découvrait des lieux de misère, de non-droit, une jeunesse "perdue", des économies souterraines.
Le rapprochement de ces deux images et de leurs messages est pour moi émouvant. Je cherche d'ailleurs à comprendre pourquoi ça m'émeut. "I love my ghetto" a été peint à un moment de notre histoire où les "cités" étaient dans l'actualité. Des voitures étaient incendiées, des pompiers caillassés, les policiers agressés, deux jeunes, très jeunes mouraient à Villiers-le-Bel. La France après les émeutes urbaines de Vaux-en-Velin découvrait des lieux de misère, de non-droit, une jeunesse "perdue", des économies souterraines.
Dans ce contexte, connaissant les références culturelles du mot ghetto, la petite phrase de Da Cruz était une provocation des "bien-pensants".
En écho, le "I still love my ghetto" d'aujourd'hui de Da Cruz, interroge le badaud : est-ce la permanence d'un attachement d'un street artist à son quartier?
Cela signifie-t-il que malgré la construction de Canal Square et la transformation du quartier, Da Cruz continue à aimer ce quartier qui effectue sa mutation ?
Richard le 29 janvier 2012 |
Sur le même mur que son graff, Da Cruz avait écrit son nom, en lettres hautes comme le mur. Les lettres étaient comme des lettrines, ornées, les couleurs vives. Le béton des travaux de Canal Square a recouvert le graff. Dans la partie qui n'est pas recouverte de projections de béton, Da Cruz, en petit, écrit encore son nom. Les espaces en déshérence disparaissent peu à peu. Da Cruz a-t-il encore une place sur les murs du quartier?
Les deux phrases qui se répondent illustrent certes une modification de l'habitat. Elles sont peut-être aussi les buttes-témoins d'un art mural qui va disparaître de notre quartier.
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