mercredi 8 juillet 2015

Des petits riens

Richard nous propose un petit post, léger, de choses vues dans le quartier.


La péniche de l'eau qui était devenue un centre pédagogique bien connu des écoles parisiennes est devenue une péniche sans moteur en déshérence. Les jours passant, les jeunes du quartier découvrent qu'il suffit de franchir une bien petite barrière pour connaître l'ivresse du fruit défendu. On monte sur la péniche, on y prend le soleil, on y pique-nique et on y tague. De l'autre rive, j'avais des difficultés à identifier ce que représentaient les collages de couleurs fluo. J'ai retrouvé ces mêmes collages sur le quai de la Loire. Ils sont censés représenter des fœtus.
Des fœtus anthropomorphes, des fœtus plutôt rigolards, de couleurs fluorescentes pour attirer l'attention du chaland. Nous avions dans ces colonnes évoqué l'œuvre de cet artiste [Des fœtus sur les trottoirs !] qui peint des fœtus un peu partout (deux sont encore visibles quai de la Seine), à Paris, dans les villes de province, dans les villes du monde entier. Son projet artistique n'avait rien à voir avec une quelconque revendication politique, contre l'avortement par exemple. Il voulait, au contraire dirais-je, valoriser la maternité. Revenons à nos fœtus fluo. Serait-ce une conséquence de mon âge avancé sur mon jugement, le fait d'afficher des fœtus humanoïdes sur les murs, le plus souvent regroupés, en opposant les couleurs ne cesse de m'interroger. Volonté de choquer le badaud, tentative d'intégrer ce qui était caché et tabou dans les représentations ordinaires. Reste que si ce n'était pas écrit dessus, je n'aurais pas été capable de voir dans ces formes ectoplasmiques des dessins de fœtus humains. Cela renvoie à une autre question : pourquoi coller des fœtus si personne ne peut savoir ce que représentent ces êtres bizarres ?

    


Jaurès, un après-midi de juin. Je regarde en l'air, allez savoir pourquoi, et je vois cette forme en fil de fer perché sur un mat de panneau de signalisation. Un homme mange un chat ou un chat sort de la bouche d'un homme. Surprenant, le dessin formé par le fil de fer trace dans le ciel bleu laiteux une scène fantastique. C'est la première fois que je rencontre cette forme de street art. C'est fait avec "trois francs, six sous", une pince, un bout de fil de fer récupéré, ça ne coûte rien à fabriquer, c'est pas "signé" (pas d'identité de l'artiste, pas de blaze, pas de publicité...). C'est gratuit dans tous les sens du terme. J'aime imaginer celui ou celle qui a fabriqué cette... comment désigner ce truc. Une sculpture en deux dimensions, une "enseigne" me rappelant le nom de restaurants aux noms savoureux comme Le chien qui fume ou Le lapin agile ? Je trouve cela poétique et somme toute c'est bien d'apporter une toute petite touche de poésie dans cet endroit qui en manque singulièrement.

    


La péniche Demoiselle amarrée quai de la Seine a été peinte en marron, couleur classique des péniches, et assez récemment repeinte, du moins la coque, par dAcRuZ et Marko93 [La péniche Demoiselle, bassin de La Villette]. C'était très beau. Les masques dacruziens se mariaient aux calligraffismes de Marko. Les couleurs pétaient et se reflétaient sur l'eau. La Demoiselle avait une identité forte, la seule péniche à ma connaissance, avec la Grande Fantaisie, peinte par des street artists. C'était trop beau pour durer. La coque a retrouvé ses couleurs de muraille. La péniche ressemble à des centaines de péniches. Restent comme des buttes-témoins les hublots de la péniche encore décorés des graphismes de nos artistes locaux. On reconnait le style inimitable de Marko et les traits plus géométriques de dAcRuZ. Dommage, c'était pourtant une chouette idée une péniche du quartier décorée par les deux street artists du quartier !
Richard

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