dimanche 31 mai 2015

Nadège Dauvergne expose son "catalogue" !


Jusqu'au 10 juin, le cabinet d'amateur – petite galerie très active auprès des street artists – expose Nadège Dauvergne dont nous vous avons déjà montré les "dames". Ici, hormis pour quelques œuvres, le format est réduit à la feuille de catalogue qui lui sert de support. Mais le procédé de création reste le même ; Nadège Dauvergne reprend un personnage de tableau ancien connu qu'elle insère dans une page commerciale sélectionnée avec soin. La synergie de ces deux mondes donne des résultats étonnants et plein d'humour.

         
Salle de bain [J.W. Godward]

Vénus liant ses cheveux [Godward]

Voyage immobile [Godward]

La présentation de l'exposition par le cabinet d'amateur
Les œuvres présentées sont à la fois des détournements de pages publicitaires et de tableaux de la peinture classique. La figure d'un tableau, une Vénus par exemple, est sortie de son contexte pour être redessinée sur une page de catalogue. Ce nouveau fond n'est pas choisi au hasard mais doit ressembler à celui du tableau initial, la figure venant s’infiltrer sans difficulté dans son nouvel environnement. C'est un jeu d'association d’idées, un trompe-l'œil servant à questionner – non sans malice – les images du passé et celles d'aujourd'hui, notre rapport à l'argent et au sacré.


             
Le Billet [Toullouche]

MMe Hamelin [J.-L. David]

Pandore [J.W. Waterhouse]



Le dimanche 7 juin, Nadège Dauvergne sera à la galerie
pour dédicacer le catalogue de son exposition.

vendredi 29 mai 2015

Serions-nous raccordés ?


Jean-Jacques, qui suit attentivement les raccordements aux compagnies cessionnaires, nous signale qu'ils ont bouché le passage principal des réseaux.
À suivre.

Bienvenue aux 5 cygneaux de l'année !


Antoinette qui suit les choses de près nous précise qu'ils sont nés, à peu près à la même date que l'an dernier, et bien au même endroit ! 
et c'est prouvé : Breaking News, 6 cygneaux à La Villette !

jeudi 28 mai 2015

"Nos vies à La Villette"

Merci Marie-Odile de nous informer du spectacle Nos vies à La Villette les 5 et 6 juin au théâtre de Paris-Villette, dont voici le dossier de presse.


Qu’est-ce que le parc de La Villette ?
Un parc où faire son jogging, promener son chien, ses enfants, faire un pique-nique, voir un film, écouter du rock, de la musique classique, s’initier à la science, aller au théâtre ? Un trait d’union entre des quartiers très différents ? D'anciens abattoirs ?
Pendant un an, douze habitants, trois classes de collège et une classe de lycée ont mené l’enquête…

Nos vies à La Villette est une création unique, résultat de ce travail choral.
Nos vies à La Villette est une déambulation qui mêle installation sonore, atelier d’écriture, étude urbanistique et vidéo de danse.
Nos vies à La Villette est aussi une expérience de théâtre-documentaire sur le parc de La Villette, que douze habitants âgés de 22 à 97 ans vont nous raconter.
GRATUIT sur réservation – resa@theatre-paris-villette.fr

HOMO URBANUS par Julieth Mars Toussaint

Du 18 mai au 18 juin Julieth Mars Toussaint expose 31 œuvres-affiches dans les rues du XIXe que vous pouvez retrouver sur ce plan. L'exposition est présentée de la façon suivante : "En exposant dans la rue, l'artiste Julieth Mars Toussaint interpelle le passant et l'amène à réfléchir sur sa condition d'Homme urbain contemporain – Homo Urbanus. Ses portraits, scènes de rue et classiques revisités témoignent des effets de l'urbain sur chacun en se trouvant préservés, taggés ou même arrachés. Des œuvres-miroirs, comme il les appelle, qui reflètent les citadins dans tous leurs états et dans lesquels il invite à se contempler".

Nous apprenons sur le site dédié à l'exposition que l'artiste peint et expose depuis les années 90. Auparavant, dans une autre vie, il a travaillé comme dessinateur de mode pour la haute-couture. Il a participé ensuite à des collectifs squArts, Pôle Pi à Paris et Tacheless à Berlin. Ajoutons car cela est une clé pour comprendre ses portraits, qu'il est originaire de la Martinique.

       



Je [Richard] vous présente, chers lecteurs, 4 des 31 portraits que l'artiste a collés sur nos murs. Les portraits en pied collés l'un sous le pont de la Petite Ceinture, quai de la Marne et l'autre sur le mur du gymnase de l'avenue Jean-Jaurès ont des points communs : les affiches sont imprimées et certains éléments du corps sont repris à l'acrylique et les contours à la craie grasse ou au pastel.

             


L'œuvre peinte est complétée par des adjectifs écrits sur l'affiche ou sur un cartouche collé sur l'œuvre. Ces adjectifs (pour les puristes, les participes passés employés comme adjectifs) donnent la signification de l'œuvre. L'œuvre est la "réplique" d'un tableau présenté comme dans les galeries (le nom de l'œuvre, la date de création, le nom de l'artiste, les coordonnées de l'exposition et la référence de la page FB). Ces deux portraits suivent les règles non écrites de l'"exposition" traditionnelle. Le portrait collé sous le pont SNCF qui n'a pas (encore) été vandalisé permet de comprendre la "scénographie" de la présentation : un "tableau" présenté à bonne hauteur et, à droite, un cartouche très formel apportant des informations sur l'œuvre et l'artiste. Les techniques mixtes utilisées par l'artiste séduisent par la débauche des couleurs, appliquées à la brosse avec une matière parfois lourde, épaisse et parfois, diluée autorisant des coulures et des superpositions esthétiquement très réussies. Le tableau synthétise les techniques de la peinture à l'huile (épaisseur de la couleur, volume etc.) et les transparences de l'aquarelle.

   



Les deux portraits représentant des visages sont des impressions et les couleurs n'ont pas été rehaussées par des apports d'acrylique. Ils s'apparentent par le traitement et par le style aux portraits en pied. À n'en pas douter, Julieth Mars Toussaint a du talent et nous donne à voir des portraits qui actualisent en le modernisant un genre de peinture ancestral ; pensons aux commandes des riches marchands vénitiens, aux chefs-d'œuvre de l'école hollandaise, voire à La Joconde ou aux portraits en pied des rois de France... gageons qu'à toutes les époques nous trouverons des exemples de portraits. Les exceptions sont rares – les artistes qui ont peint les peintures rupestres auraient pu faire dessiner un visage, ils ne l'ont jamais fait, dans aucun pays.

   



Il est bien dommage que le cartouche ne présente pas le projet de l'exposition. Bien difficile de deviner quand on "tombe" par hasard sur un de ces portraits qu'il s'inscrit dans un projet plus global. Comment comprendre l'objectif du projet simplement aidé par deux mots, en latin qui plus est : "Homo Urbanus".

                       


Ce projet m'évoque les belles expositions de photographies accrochées aux grilles du jardin du Luxembourg. C'est une bonne idée que de faire descendre l'art dans la rue. C'eût été une idée excellente d'éditer les œuvres sur des supports plastifiés et expliquer le projet de l'artiste. Les lieux choisis, la nature du support, l'opacité du projet global expliquent, en partie, l'absence de respect des œuvres qui dureront, je le crains, le temps d'une averse.

Foin des peurs et des regrets, les tableaux de Julieth Mars Toussaint sont de belles rencontres, fortes et émouvantes. Un artiste assurément à suivre.

mercredi 27 mai 2015

"Le Monde et la Science" : abattoir

D'après Gloubik Sciences : Le Monde et la Science fut une tentative de publication d’encyclopédie scientifique et technique grand public par livraison. Malheureusement, elle n’arriva pas à son terme. Seuls les trois premiers volumes furent diffusés, interrompant la collection à la lettre P.
J'ai trouvé le premier feuillet de cette encyclopédie avec les rubriques : Abattoirs, Abattoir moderne, À côté de l'abattoir et Acclimatation. Conclusion, nous avons 11 pages – dont 5 rédigées par André Mesnager, auteur de l'ouvrage Les Abattoirs modernes, dont voici le texte pour vous en faciliter la lecture.
Bon appétit !

ABATTOIR
Établissement public où les animaux destinés à la consommation sont mis à mort et où les viandes sont préparées.
On s'est d’abord proposé, par la création d’abattoirs, d’obvier aux inconvénients de la circulation des animaux dans les villes, d’éloigner un spectacle répugnant, de supprimer les mauvaises odeurs qu'exhalaient les tueries particulières, enfin de percevoir plus facilement les taxes sur les viandes.
Nous savons peu de choses des tueries du Moyen Âge qui paraissent avoir été de véritables cloaques.
Un décret impérial de 1810 ordonnait à Paris la création d’abattoirs qui, plus tard démolis, ont été remplacés par celui de La Villette pour la rive droite et Vaugirard pour la rive gauche.
L’abattoir de La Villette couvre une superficie de vingt et un hectares. Il a été ouvert le 1er janvier 1867. À la suite d’une grande cour d’entrée est disposé le service de la boucherie en un vaste damier où des rues se croisant à angle droit séparent des îlots formés de corps de bâtiments accolés deux par deux à des cours.
Ce sont des étables et bergeries, où les bœufs, veaux et moutons font leur dernier séjour, alternant avec des groupes d’échaudoirs.
L’échaudoir est l’organe essentiel de l’abattoir de ce type, c’est la salle où le boucher tue, dépèce, débite la bête en quartiers. Cette salle a dix mètres de long sur cinq de large, fermée aux deux extrémités par des portes à deux vantaux, surmontée de vitrages qui y laissent passer un éclairage douteux. Au sol est fixé un anneau où le bœuf est attaché, obligé à baisser la tête. D’un coup de merlin, il est tombé comme une masse, il est saigné, les pieds en sont coupés, un tinet, long rouleau de bois, est passé dans les jarrets, maintenus écartés par 2 chevilles ; au moyen d’un treuil, le tinet, soulevé, vient reposer sur deux solives en fer placées à 2m50 du sol. La peau est détachée ; les viscères, enlevés et jetés à terre, répandent une odeur fade.
C’est encore dans l’échaudoir que sont sacrifiés les veaux sur des étaux, tables spéciales en bois, où ils sont ligotés et égorgés.
Les moutons y sont alignés sur des claies et ont la gorge tranchée.
Occupant une surface bien moins importante, le bâtiment de la charcuterie comporte des porcheries, un brûloir, un pendoir.
Ici, pas d’échaudoir, tout se fait en commun.
Les porcs assommés, saignés, brûlés, noircis, sont traînés sur un chariot au pendoir, où ils sont suspendus à des crochets, à deux mètres du sol, pour y être grattés, lavés à grande eau, découpés, habillés.
Il n’est pas abattu de chevaux à La Villette, mais à l’abattoir Brancion de Vaugirard, où sont disposés des échaudoirs semblables à ceux de la boucherie de La Villette.
L’un des principaux avantages de l’abattoir est l’utilisation de ce que les chevillards appellent le cinquième quartier ; ce sont les cuirs, la triperie, les suifs, les boyaux, le sang.
À La Villette, la triperie est attribuée à un entrepreneur qui, grâce à une installation mécanique bien comprise, en tire un rendement avantageux. Les têtes de veaux sont grattées mécaniquement après échaudage, de même les pieds de mouton. Là sont traitées les panses, l’huile est retirée des pieds. — Les suifs sont fondus à Aubervilliers, le sang est enlevé par des industriels.
Dans une partie éloignée, les panses sont transportées dans un hangar, connu sous le nom de coche. Cette partie est dans les abattoirs la plus malpropre et malodorante.
L'abattoir de La Villette, était considéré avant la guerre comme le type des abattoirs français. C’est aujourd’hui un type vieilli, ne répondant pas aux progrès de l’hygiène. L'abattoir moderne, ne doit permettre que la sortie des viandes offrant toute garantie au consommateur.
Dans l’échaudoir, l’inspection était illusoire.
C’est pourquoi, dans l’abattoir moderne, l’échaudoir a été substitué le hall d’abattage, où les bouchers travaillent en commun, sous le contrôle de l’inspection vétérinaire. Dès l’entrée, les animaux reconnus nuisibles sont évacués sur l’abattoir sanitaire, réduction du grand abattoir : les viandes saisies sont dénaturées, détruites par l’acide sulfurique ou brûlées dans un four, celles moins atteintes sont stérilisées par la vapeur ou salées.
L’abattoir moderne doit être abondamment pourvu d’eau de lavage, les parois des salles sont revêtues de carreaux de faïence lisses, clairs, facilement lavables, les locaux bien aérés et éclairés. Les viscères des bœufs, au lieu d être répandus sur le sol, sont vidés dans des charrettes spéciales.
Un atelier de vidanges remplace le coche ; les déchets, contenu des panses, sont versés par des trémies dans les voitures ou wagons qui stationnent au-dessous et, une fois pleins sont vidés hors de l’abattoir. Cet atelier est un local clos, couvert, aéré et ne répandant aucune odeur à l'extérieur ; les déchets sont à l’abri du soleil et ne peuvent fermenter.
Les eaux résiduaires, si incommodes pour le voisinage, sont traitées par la chaux et le sulfate de fer.
Si on pénètre dans le hall de boucherie, on voit que tout s’y fait mécaniquement. Sur des rails disposés à 4 mètres du sol circulent des petits chariots auxquels sont suspendus soit 2 demi-bœufs, soit 4 moutons.
Un bœuf aussitôt abattu est accroché à une barre de suspension spéciale qui maintient ses membres postérieurs écartés. Quelques tours de manivelle du treuil l’enlèvent du sol ; le boucher sectionne en deux parties ; un tour de plus, un levier entre en jeu, les deux moitiés de bête se rapprochent et viennent se suspendre au chariot de transport. Une légère pression donnée entraîne les bêtes hors de la salle jusqu’aux voitures des bouchers ou au frigorifique.
L’industrie moderne a doté les abattoirs d’un organe nouveau : l’entrepôt frigorifique. Salle fraîche à température de 2 à 3 degrés au-dessus de zéro où les viandes peuvent être conservées sans altération et même s’améliorer. De puissantes machines produisent le froid nécessaire, distribuent en même temps la vapeur qui échauffe l’eau pour l’échaudage des porcs à la triperie, et entretient dans les salles de travail une température agréable.
Telles sont, succinctement décrites, les dispositions des abattoirs modernes.
André Mesnager
Architecte de la Ville de Paris, diplômé par le Gouvernement.

mardi 26 mai 2015

Locaux commerciaux sur le canal de l’Ourcq


Une rumeur laissait entendre que le "lot 2" avait trouvé preneur mais, sur le site Devim qui les commercialise, les deux locaux commerciaux sur le quai de la Marne sont toujours disponibles et... ce n'est pas encore la période des soldes !
Mais ce site est-il fiable ? Quand on voit qu'il situe la gare Rosa-Parks porte de Pantin, on peut avoir quelques doutes.

Local avec mezzanine dans le 19e arrondissement – (lot 1 à droite)

Activités possibles : Auto-école, Banque et assurance, Boucherie charcuterie traiteur, Boulangerie pâtisserie, Coiffure esthétique beauté, Commerce d'alimentation et supérettes, Commerce de détail non alimentaire, Equipement de la maison, Fleuriste, Médical, Optique et audition, Pressing laverie, Restauration, Salle de sport.

lundi 25 mai 2015

Flânerie sur l'Ourcq avec le Felix de Azara


Le Felix de Azara est à quai mais pas pour longtemps. Dimanche prochain, le 31 mai, on largue les amarres et à nous l'aventure !
Si vous rêvez des mers du Sud... commencez par le canal de l'Ourcq, vous êtes les bienvenus, il nous reste quelques places !

La bataille du pignon nord-est


Il semblerait que c'est sur ce mur qu'ont été effectués les premiers essais pour venir à bout des efflorescences. La bataille fut rude et l'on peut suivre à la trace les lieux des combats !

Et Jean-Jacques lit l'avenir dans la benne !

Danièle nous livre le résultat de ses investigations "déchets" en photos.


Jean-Jacques, en vieux routard du bâtiment, est catégorique : 
"les photos montrent les derniers matériaux à installer avant livraison, 
celle-ci est très proche maintenant car le plancher est l'indicateur clé."


Laurent quant à lui semble très zen : 
"que le nom de cette paroi de douche nous inspire... sérénité"

Canal square en Polaroid par Bastien



"Petit reportage in situ entre le mercredi 20 et le dimanche 24... work in progress... still... mais ça avance. Quant aux efflorescences, elles se sont calmées, à défaut de s'être évaporées. Reste un manque étrange d'homogénéité sur le pignon nord-est. Peut-être l'enduit des joints ?" [voir La bataille du pignon nord-est]
Merci Bastien pour ce post clés en main !

Diaporama de 9 photos
... chargement d'un diaporama en cours ....

dimanche 24 mai 2015

"La Cabeza" de Niki de Saint Phalle au 104

© 2014 Niki Charitable Art Foundation - Photo : Marc Domage
Le coup de cœur de Richard.

La Cabeza est une grande sculpture qui sera exposée jusqu'au 8 août 2015 au 104. Cette sculpture qui n'avait jamais quitté les États-Unis est une première absolue en Europe. Le 104 s'est associé au Grand Palais qui organise une remarquable exposition dédiée à Niki de Saint Phalle.

Il y a plusieurs manières d'aborder cette œuvre majeure. La première est fondée sur l'émotion de cet immense crâne. Il est constitué de mousse de polyuréthane, soutenu par une armature d'acier et de résine, revêtu d'éclats de miroir, de galets, de coquillages, de cailloux et d'incrustations de verre millefiori. Cette sculpture, récente (elle est de 2000), utilise des matériaux modernes et d'autres éléments décoratifs plus traditionnels.

©Laurent Meynier – 2009
La seconde manière serait de resituer cette œuvre dans l'histoire de l'art. C'est une vanité. Les vanités au cours des siècles ont été déclinées de multiples façons (peinture, sculpture, etc.). Leur fonction était de rappeler au croyant qu'il est mortel et qu'il doit préparer en ce bas monde sa vie éternelle. La violence de certaines vanités est, encore aujourd'hui, difficilement supportable. Pour illustrer ce courant très fécond, j'ai dû exclure de mon billet des représentations d’œuvres pourtant fort intéressantes du point de vue plastique. Le réalisme, la crudité des images, ont traversé le temps et provoquent, encore, le rejet (quoique les vanités et leurs représentations soient très à la mode en ce moment, mais ça c'est une autre histoire !). Il est vrai que nous faisons tout pour éviter de penser à notre mort (voir le thème cher à Pascal du "divertissement"). La Cabeza n'est pas funèbre, bien au contraire. L'artiste qui a habité dans la ville californienne de La Jolla s'est manifestement inspirée des traditions mexicaines. Les attributs de la mort, les squelettes, les crânes, les os, sont décorés de couleurs vives et sont au centre de fêtes joyeuses. Après tout, si on célèbre la mort, c'est qu'on est vivant. Alors autant profiter de la vie et de ses plaisirs. Curieuse coutume héritière des civilisations précolombiennes qui continuent à vivre sans que nous soyons tout à fait conscients que les Aztèques, les Mayas ont des descendants qui ont ajouté à leurs croyances ancestrales les rites et les images de la religion des colonisateurs. Curieux renversement des fonctions des vanités : elles n'invitent pas le croyant à la traversée d'une vallée de larmes mais au contraire à l'épicurisme le plus débridé. Niki de Saint Phalle parlant de la mort disait :"There is no death. There is change-transformation. Our life is eternal."

  



La troisième manière (et la dernière) est l'originalité de cette œuvre que les critiques ont sous-estimée. C'est énorme parce que le visiteur doit entrer à l'intérieur. Bien sûr, l'extérieur est une merveille : les couleurs s'opposent et brillent de milliers d'éclats. Les rouges s'opposent aux verts, leur complémentaire. Les jaunes aux noirs. Ce n'est pas l'harmonie qui est recherchée, c'est le clinquant de la Merveille. Vous savez sûrement que l'endroit du cloître entouré par des murs qui est une représentation du paradis terrestre, s'appelle la Merveille. Il ne m'étonnerait pas que Niki de Saint Phalle dont on connaît aussi l'humour et le goût de la provocation ait voulu d'un crâne humain, trop humain, faire une Merveille.

    



Au clinquant "populaire" et criard de l'extérieur s'oppose l'intérieur. On s'assied sur le banc prévu à cet usage et on regarde. Au "plafond", un ciel, aux couleurs apaisantes et pastels. Les murs ont des teintes douces : des bleus, des gris... l'harmonie est parfaite. Dans cette pénombre rassurante, entre les dents, le soleil éclabousse. La mort non seulement ne fait pas peur vue de l'extérieur (c'est-à-dire quand on est vivant), elle est gaie, habillée de lumière, mais à l'intérieur (quand on est mort) le monde n'est que luxe, calme et volupté.

    



Singulière sculpture, vanité atypique qui loin de nous inquiéter, nous rassure.

Niki de Saint Phalle devant la Fontaine Stravinsky - ©AFP

vendredi 22 mai 2015

On est bientôt raccord !



Ce panneau d'interdiction de stationner, pour la période du 26 mai au 5 juin, est de toute évidence pour permettre les raccordements de Canal Square aux compagnies cessionnaires et comme l'annonce des dates de livraison est fonction de ces travaux, nous devrions avoir des informations dans les jours prochains...
Merci Jean-Jacques pour ces photos.

jeudi 21 mai 2015

L'Ara mort-né de dAcRuZ


Bon, je [Richard] vous entends d'ici, encore dAcRuZ, bah oui encore lui. Au moins pour trois raisons : alors que dans notre microquartier que j'appellerais volontiers comme lui "Ourcq", quartier qui ne manque pas de murs, dAcRuZ est l'un des rares street artists qui depuis plus de 15 ans peint et repeint nos murs (je connais des murs qu'il a peint successivement plus de 3 fois recouvrant ses propres fresques), deuzio, dAcRuZ est un artiste qu'on peut rencontrer, qui est impliqué dans la vie de quartier, last but not least c'est un exemple d'un petit gars du quartier qui est devenu un street artist reconnu par le milieu. Suivre sa création, suivre l'artiste, c'est pénétrer dans un monde, un monde caché, celui du hip-hop, du graffiti, du graff, de l'underground. C'est un monde, une culture qui a ses passerelles, ses correspondances. C'est un peu comme les égouts de Paris, on peut entrer par n'importe quelle bouche, ensuite tout communique. Le street art est une entrée. Ensuite, à vous de prendre les bonnes correspondances.

Je ne sais pas vous, mais moi, je n'arrive pas à faire le deuil de l'Ara. Souvenez-vous, dAcRuZ, rue de l'Ourcq avait commencé à peindre un perroquet. Un perroquet maousse : 12 mètres d'envergure environ, plus de 3 mètres de hauteur et bien situé, près de l'arrêt du 60. Comme ça, quand vous attendez le bus, vous jetez un œil sur les fresques, vous prenez une photo, vous retenez le nom de l'artiste... À la forme du bec, l'oiseau est un perroquet et à la variété des couleurs des plumes, je dirais plutôt un ara. dAcRuZ n'est pas ornithologue, ce qui l'intéresse dans le perroquet c'est la possibilité pour lui de se livrer à sa manie de cloisonner les espaces menu-menu. Plus c'est petit, plus les formes des surfaces sont irrégulières et pourtant en harmonie (bah oui, il faut suivre, dAcRuZ a horreur de la symétrie, il ne veut pas voir sous sa bombe de carrés, de rectangles, de triangles etc., c'est-à-dire de formes régulières admettant un ou des axes de symétrie... Prenez des notes parce ça je l'ai déjà dit !) et dans ces formes, il dépose de la peinture en bombe aérosol, surfaces colorées souvent elles-mêmes fractionnées par des rythmes plus ou moins réguliers (plutôt moins que plus car dAcRuZ a horreur de... ah super, il y en a un qui suit !)

    



Ceci dit, regardez, contemplez l'esquisse de l'ara. Faites un effort ! Nous ne sommes plus rue de l'Ourcq, mais dans une galerie d'art contemporain, d'immenses toiles sont accrochées aux cimaises... Wouah!!! Quel dynamisme des lignes, quelle tension dans le réseau serré des lignes de la tête de l'ara, quelle force dans cet œil qui traduit la pose de trois quarts ! Et les couleurs ! Le rose-saumon du fond sur lequel se détache le bleu du contour ! Quel imaginaire aussi que ce perroquet qui n'a pas de plumes mais des formes abstraites colorées !

             


J'ai le sentiment que ce qui reste de la forme du perroquet n'est que le prétexte à créer des formes, et créer des formes le prétexte à créer des couleurs.

Reprenons. Toutes les fresques de dAcRuZ que nous connaissons (nous en avons reproduit de nombreuses dans notre blog) et passons-les au crible de notre grille de lecture. Regardons le grand Inca de Ourcq Living Colors, le médium est le message, son intérêt c'est l'extrême déclinaison des couleurs. Le masque précolombien ne veut rien dire.

Et pourtant, mais c'est bien sûr ! dAcRuZ n'arrête pas de le dire et de l'écrire. Sur son ara recouvert devenu oiseau un peu triste, il écrit "Paris en couleurs". Sur son FB il définit son ambition comme étant de mettre des couleurs dans les rues de Paris.

Une réflexion pourtant. dAcRuZ pourrait-il mettre de la couleur dans les rues de Paris sans le prétexte de formes qui portent ses couleurs ? Peut-on concevoir un street art qui couperait ses liens avec la représentation du Réel comme l'a fait la peinture de chevalet ?
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