dimanche 18 octobre 2015

Ernesto Novo

Le hasard fait, parfois, bien les choses. Je [Richard] me baladais au Point Ephémère, histoire de voir les nouveautés. Il y avait, dans ce début du mois de janvier, effectivement du nouveau. Nous étions un lundi après-midi et pendant les deux jours de la fin de semaine précédente, des street artists avaient planché sur le thème des enfants-soldats. Il y avait des fresques attendues : des soldats africains armés de mitraillettes, une colombe de la paix. Bref, toute l'iconographie pacifiste avait été convoquée pour dénoncer ce scandale qui, à cette époque, avait une certaine actualité. Une fresque attira mon regard : une jeune femme peu vêtue sortie d'une fleur avait les yeux bandés et à côté une statue africaine était peinte. La référence au tableau de Botticelli, La Naissance de Vénus était explicite.

Quant à la signification, c'est plus hypothétique : la figure de la mort, transfigurée en jeune fille, ne choisit pas ses victimes... Peut-être ? La statue africaine situait le drame. En fait, c'est la technique de l'artiste qui m'a surpris. Toute la fresque était peinte au pinceau. La représentation de Vénus et de la statue, la précision des motifs décoratifs de forme concentrique, témoignaient d'une maîtrise peu commune pour une œuvre réalisée pendant le temps d'un week-end.

Quelques mois, plus tard, à Belleville, sur les volets à jamais fermés d'une librairie-papeterie, je vois deux splendides portraits des deux femmes qui seront un peu plus tard admises au Panthéon : Mme De Gaulle-Anthonioz et Mme Germaine Tillion.

Les deux fresques qui font pendant ont été peintes par Ernesto Novo. Le soin apporté aux portraits atteste d'une œuvre de commande. La facture est remarquable. Je retrouve les formes décoratives concentriques mais elles sont utilisées pour le décor comme pour la Vénus mais aussi pour colorer les aplats. Alors qu'on attend des surfaces de couleur, l'artiste renonce à l'homogénéité de l'aplat pour, avec des formes marquées par la courbe et la fermeture du trait, donner une couleur et une profondeur aux surfaces.


C'est d'autant plus étonnant que ce traitement est généralisé sur l'ensemble des surfaces (les visages mais aussi les vêtements). Comme pour la Vénus, la palette sait être brutale (de fortes oppositions de tons et de couleurs primaires) et douce (quel raffinement dans l'utilisation des roses et des gris !)


Sans aucun doute, Ernesto Novo est un grand artiste qui s'illustre dans le street art et la peinture de chevalet. Comme l'annonçaient les deux magnifiques portraits des Résistantes, Ernesto Novo excelle dans l'art du portrait. Il sait saisir la ressemblance et renouveler cet art ancien.

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