mardi 27 janvier 2015

Rue de l'Ourcq, la guerre des crews

De notre correspondant, Richard, qui suit au jour le jour les mouvements de troupe.

    



Rue de l'Ourcq, vendredi 23 janvier, 11 heures GMT
Après la sauvage attaque des tagueurs de la bande de Nite sur deux fronts, le quai de la Marne et la rue de l'Ourcq, dans la nuit de jeudi à vendredi, et après une période d'accalmie les hostilités ont repris.

             


Je vous rappelle l'essentiel des mouvements de troupe. Dans un premier temps, dAcRuZ, seul, a repeint son Inca quai de la Marne. Avec Marko, ils ont mis en chantier une très ambitieuse fresque. Elle est composée de quatre éléments principaux savamment et harmonieusement coordonnés : un superbe perroquet peint par dAcRuZ dont nous publions la photographie dans une phase de réalisation bien avancée, un singe et un portrait de Frida Kahlo peint par Marko, un perroquet faisant pendant à celui du côté droit peint par dAcRuZ. Nous nous réjouissions, un peu vite, de ces remarquables fresques articulées autour d'une relecture graphique du portrait de Frida Kahlo. Les deux artistes avaient l'intention de développer le thème de la peintre mexicaine célèbre pour ses amours avec le muraliste Diego Rivera et des amants et des amantes de passage. De cette icône de la révolution mexicaine, les artistes ont abordé une image sous une forme fantasmée qui renvoie à l'imaginaire fécond de Frida Kahlo.

Dans la nuit, les assaillants ont surgi de nulle part et ont ciblé leur attaque sur la fresque du perroquet de dAcRuZ. Les armes utilisées sont particulièrement redoutables : à la bombe aérosol, ils sont intervenus sur l'œuvre pour en gâcher le stade préparatoire. Les dégâts sont considérables au regard des heures de préparation de la fresque. Le perroquet de gauche, aux ailes déployées et aux couleurs éclatantes, est mort.
Les vandales ont signé leur saccage et fait connaître leur revendication. Les signatures suivies du mot anglais "now" (les belligérants étaient-ils Anglo-Saxons ? Dans l'état actuel de nos sources, nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer cette hypothèse) signifient qu'ils sont désormais maîtres de cette partie du territoire.

La question qui nous vient aux lèvres est : pourquoi tant de haine ? D'autres fresques anciennes dont certaines sont fort laides auraient pu sans grave dommage pour l'histoire du street art en France être recouvertes. dAcRuZ, dont les autres œuvres dans notre quartier ont été préservées, a découvert l'étendue des dégâts. Couvrant son œuvre massacrée, il menace ses adversaires : "ça fait deux fois, le quartier vous attend", "Ourcq vous surveille", "Attention". Les insultes s'inscrivent en lettres de sang : "toys bouffons".

             


Nos experts de la chose militaire se perdent en conjectures : la bande de Nite est-elle celle de Toys ? Ils retiennent le rapport des forces : un quartier entier, jour et nuit (c'est nuitamment que les opérations de commandos sont menées), surveillent les fresques de dAcRuZ. Nous avons, chers lecteurs, contacté la victime dAcRuZ qui se remet avec courage et détermination de cette sournoise contre-attaque : avec philosophie, il justifie cette offensive comme étant la loi de la rue. Dès le mercredi 28 janvier, il envisage de reprendre le combat.



Le perroquet, à peine né et déjà mort, tel le phénix, renaîtra-t-il de ses cendres ? Votre serviteur et correspond de guerre apportera son soutien à la juste cause de nos artistes locaux et vous tiendra au courant, heure par heure, s'il le faut, des affrontements qui, pour l'instant, restent artistiques.

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