Bizarre, alors que je [Richard] ne crois pas au destin, je crois au hasard. Seul le hasard m'a permis de rencontrer "l'homme qui sait tout sur le canal de l'Ourcq". Je vais vous raconter ma rencontre et mes récentes découvertes.
Il y a plusieurs mois, nous avons publié un post sur la cristallerie Schweitzer. Au hasard d'une promenade, j'avais découvert un atelier de cristallerie encore "dans son jus". Des tours disposés face au canal, quai de Jemmapes, pour profiter de la lumière, des engrenages, des poulies, des courroies. Seule la force motrice de la roue à aubes du XIXe siècle a été remplacée par un petit moteur électrique. Je croyais avoir compris le principe : une roue à aubes dans le canal fait tourner un axe qui, par un système d'engrenages, génère une énergie motrice. Le simple constat que le faible courant du canal ne peut pas entraîner une roue à aubes m'a amené à essayer de comprendre la relation entre le canal et la cristallerie.
Il y a plusieurs mois, nous avons publié un post sur la cristallerie Schweitzer. Au hasard d'une promenade, j'avais découvert un atelier de cristallerie encore "dans son jus". Des tours disposés face au canal, quai de Jemmapes, pour profiter de la lumière, des engrenages, des poulies, des courroies. Seule la force motrice de la roue à aubes du XIXe siècle a été remplacée par un petit moteur électrique. Je croyais avoir compris le principe : une roue à aubes dans le canal fait tourner un axe qui, par un système d'engrenages, génère une énergie motrice. Le simple constat que le faible courant du canal ne peut pas entraîner une roue à aubes m'a amené à essayer de comprendre la relation entre le canal et la cristallerie.
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Ateliers d'entretien du canal à Pantin |
Aussitôt, je téléphone à M. Jean Papoul. Il m'explique qu'il travaille au service des canaux depuis plus de 40 ans et que c'est lui qui a constitué le fonds d'archives du canal qu'il a disposé aux Archives de la Ville de Paris et que, de facto, il est chargé des relations avec le public. Bingo, il accepte de me recevoir dans les bureaux du 60-62 quai de la Marne. Adorable, érudit, disponible, pendant deux heures il répond à toutes mes questions. J'apprends plein de choses sur un canal que je croyais connaître depuis l'enfance : il connaît son histoire, il travaille avec les éclusiers et les services des travaux de la Ville... Bref, il connaît tout le monde et sait tout. Et en plus, passionné par son sujet, il sait faire vivre par des anecdotes sa connaissance quasi exhaustive du canal de l'Ourcq.
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Bassin de Pantin |
Il résout mon énigme sur la cristallerie : située en aval d'une écluse du canal Saint-Martin, une conduite forcée prise depuis le niveau haut de l'écluse (en amont, vous suivez ?) entraîne dans le sous-sol de l'atelier une roue à aubes ou une turbine. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, des ateliers, des usines, sont venus s'installer sur les bords du canal pour tirer parti de la force motrice de l'eau.
J'apprends également qu'il y a 10 écluses sur les canaux de l'Ourcq, Saint-Martin et Saint-Denis, 3 ponts levants, 2 usines élévatoires... Montrant mon intérêt pour les écluses, M. Papoul, m'invite à faire une croisière sur le canal et à découvrir l'écluse du pont de Flandre. Je dis mon intérêt, en fait c'est une façon de me ménager : dit plus clairement, je n'ai jamais bien compris le fonctionnement des écluses.
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La demi-flûte Ariane |
Nous embarquons sur une flûte. Plus précisément une demi-flûte. Rien à voir avec le champagne. Les flûtes étaient les péniches qui naviguaient sur le canal. Elles étaient fabriquées dans des ateliers qui bordaient le canal Saint-Denis. Le canal étant étroit, ne pouvant manœuvrer pour rebrousser chemin, elles avaient deux proues. Comme notre bateau l'Ariane, aménagé pour transporter 30 personnes. Vous me direz : pourquoi faire un canal aussi étroit qu'il ait fallu construire des péniches sur mesure, et qui pouvaient se croiser ? Pour comprendre, il faut se dire que le canal de l'Ourcq, c'est comme un aqueduc à ciel ouvert. Il a été creusé pour approvisionner la capitale en eau. Aujourd'hui encore, au niveau de Jaurès, une prise d'eau alimente un réseau d'eau non potable qui sert au nettoiement (bah oui, il y a deux réseaux à Paris, un d'eau potable et un d'eau non potable).
Au début XIXe siècle, la fonction était l'alimentation en eau potable, stockée dans le bassin de La Villette (qui existait avant la construction du canal). Voilà pourquoi les eaux usées et les effluents industriels ne se sont jamais déversés dans le canal. Depuis sa construction l'eau est quasiment la même : ce sont les normes européennes de potabilité qui ont changé. Maintenant, je ne vous invite pas à la boire ! Habitués à l'hygiène, nous sommes moins résistants aux bactéries et petites choses qui prolifèrent dans l'eau verte. D'ailleurs, les poissons se portent bien. Merci. Ils sont même si abondants que la Ville les pêche et qu'ils font les délices d'une vraie colonie de cormorans dont le nombre chaque hiver commence à inquiéter le service des canaux (les sociétés de pêche s'acquittent de droits pour leurs membres et, bien sûr, ils n'aiment pas les cormorans... qui ne paient pas de taxes).
Au début XIXe siècle, la fonction était l'alimentation en eau potable, stockée dans le bassin de La Villette (qui existait avant la construction du canal). Voilà pourquoi les eaux usées et les effluents industriels ne se sont jamais déversés dans le canal. Depuis sa construction l'eau est quasiment la même : ce sont les normes européennes de potabilité qui ont changé. Maintenant, je ne vous invite pas à la boire ! Habitués à l'hygiène, nous sommes moins résistants aux bactéries et petites choses qui prolifèrent dans l'eau verte. D'ailleurs, les poissons se portent bien. Merci. Ils sont même si abondants que la Ville les pêche et qu'ils font les délices d'une vraie colonie de cormorans dont le nombre chaque hiver commence à inquiéter le service des canaux (les sociétés de pêche s'acquittent de droits pour leurs membres et, bien sûr, ils n'aiment pas les cormorans... qui ne paient pas de taxes).
Carrefour des canaux. J'apprends que le canal de l'Ourcq ne peut être vidé (comme le canal Saint-Martin) parce qu'il alimente Paris en eau (je sais, je l'ai déjà dit, mais il faut le répéter). Conséquence, les travaux sont faits sans le vider, avec des scaphandriers, des dragues etc. Pas simple, très coûteux et des revenus de la batellerie qui ne cessent de baisser (c'est marrant ça, les péniches qui empruntent les écluses et les canaux paient une taxe en fonction de leur tonnage comme sous l'Ancien Régime).
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Fin de la visite, une dernière info pour la route : un héron habite depuis plusieurs années sur les bords de notre canal entre le quai de Jemmapes et le carrefour des canaux. Je l'ai rencontré un jour, la nuit, en sortant du MK2 : sympa, j'ai pu le photographier au flash à moins de 2 mètres... et il posait le bougre, comme une star sur la Croisette.
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