mercredi 29 octobre 2014

Le street art et les limites de la loi sur le vandalisme

Aujourd'hui s'est tenu le procès de M. Chat. [voir M. Chat dit non !]
Question d'actualité qui pose la question des limites de la loi sur le vandalisme.
Analyse de Richard.

Quai de la Loire
Monsieur Chat est bien connu de tous les Parisiens. Il est partout sur les murs lépreux des quartiers populaires, sur les stores des boutiques, servant d'enseigne à des cafés de la Goutte d'Or. Le chat toujours jaune, rieur, souvent ailé, nous sourit et nous aimons le clin d'œil de ce chat fantasque. Il est partout dans Paris mais aussi il voyage, dans de nombreuses villes d'Europe, du Brésil, du Sénégal et de Chine.

Son créateur, l'artiste franco-suisse Thoma Vuille, l'a créé à Orléans en 1997. C'est un des street artists les plus connus dans le monde.

Aujourd'hui, une nouvelle fois, il comparaît devant la justice. 
Quels sont les faits qui lui sont reprochés par la RATP qui lui fait ce procès ? À la station Châtelet, sur des murs en cours de rénovation, sur le ciment qui devait être recouvert de céramique, il a peint son chat. La RATP lui réclame une amende de 1800 euros qu'il refuse de payer. Sur quel fondement juridique ? L'article L.322-1 du Code pénal : la destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende, sauf s'il n'en est résulté qu'un dommage léger. Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3750 euros d'amende et d'une peine de travail d'intérêt général lorsqu'il n'en est résulté qu'un dommage léger. Cet article définit les peines d'actes de vandalisme.


Reprenons, dessiner de très jolis chats, écrire une "légende" ayant la forme d'un jeu de mots (Chat-elet) sur un mur de ciment bientôt recouvert des fameux carreaux RATP, est-ce un acte de vandalisme ? La réponse du tribunal est lourde de conséquences pour les street artists. Doivent-ils prendre tous un blaze pour cacher leur identité et ainsi éviter les foudres du Code pénal ?
Les plus réputés des street artists, ceux dont on connaît les vrais noms, devront-ils cesser leur très coupable (et très onéreuse) activité ?

Réfléchissons, le street art vandalise-t-il la ville ou la muséologise-t-il ? La ville est-elle plus belle avec des graffs et des fresques ou clean, aseptisée, réduite à la minéralité de ses matériaux ? Les street artists seront-ils contraints, comme des résistants de l'Art vivant, de se cacher, comme Banksy ? Justement Banksy, que le monde des arts reconnaît comme un artiste contemporain, aurait-il existé sans ses pochoirs peints sur des murs, sans autorisation des propriétaires ? À New-York, après les interventions illégales, des propriétaires de locaux ont fait découper des fresques de Banksy pour les vendre chez Sotheby's.
Bref, des questions de fond sur la ville, l'art et la liberté.
[Finalement M. Chat n'a pas été condamné.]

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