vendredi 21 février 2014

Le Bal Colbus à La Villette par Marius Boisson

Le gouapeur - © Rouquet - La Villette
Après Le bal Colbus vu par Le Figaro, ici c'est une description extraite du chapitre La Villette n’était qu’un village du livre Coins et Recoins de Paris de Marius Boisson.

Le bal Colbus
L’établissement fait l’angle de gauche de la rue Bouret [avec la rue d’Allemagne]. Ce bal, réputé de longue date et de fort loin, est la maison Crosnier, autrefois bal Colbus, dit encore le Bal des Grues.

La population de ce casino populaire se compose entièrement de jeunesse. Les hommes ont de 18 à 22 ans, les femmes de 13 à 18. Les parents brillent par leur absence.

Définissons la toilette des habitués ; à peu d’exceptions près, elle est uniforme. Le sexe mâle a généralement un paletot, mais le plus généralement une blouse bleue, laissant apercevoir un pantalon plutôt gris que noir ; un foulard rouge ou jaune sert de cravate. Une casquette abrite le front. De temps à autre un mouvement oblique vous permet de surprendre un œil qui vous darde comme une pointe de stylet.

Les jeunes filles sont tête nue, en taille par toutes les saisons ; des bottes ou bottines montrent toujours un bas blanc bien tiré. Elles ont le feu sacré de la jeunesse ; mais dès qu’elles parlent on entend résonner une voix rauque ou enrouée. Leur sourire est gracieux, leurs sourires sont obscènes. En somme, elles sont mieux que les hommes. Quant au dehors, on voit que la coquetterie leur est naturelle ; elles risqueront aisément un rhume pour que trois choses restent en vue : leur chevelure, leur taille et leur jambe. Dans ce tumultueux endroit, tous les hommes sont armés de couteaux et de casse-tête.

L’immeuble du bal Colbus est toujours debout [en 1929] ; il fut café-concert puis Cinéma de la Renaissance.

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